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« Le choix d’un colistier est un premier test de la capacité d’un potentiel président des Etats-Unis à prendre des décisions importantes »

Assurée d’obtenir l’investiture démocrate lors de la convention qui s’ouvre à Chicago le 19 août, Kamala Harris a annoncé le nom de son colistier trois semaines après Donald Trump. Le gouverneur démocrate du Minnesota, Tim Walz, et le sénateur républicain de l’Ohio, J. D. Vance, ont, depuis lors, occupé une grande partie de la couverture médiatique de la campagne. De fait, ils revêtent une grande importance pour trois raisons.
Tout d’abord, le rôle institutionnel du vice-président s’est étoffé, Walter Mondale (1928-2021), Al Gore puis Dick Cheney ayant peu à peu renforcé la fonction. D’autre part, les vice-présidents sont, depuis 1945, plus susceptibles d’accéder à la Maison Blanche : Harry Truman 1884-1972), Lyndon Johnson (1908-1973), Richard Nixon (1913-1994) ou Joe Biden sont tous passés par cette case. Ces évolutions confèrent aux personnalités choisies une importance plus grande que lorsque le poste était vu, selon la biographe du vice-président Adlai Stevenson (1893-1897), Jean H. Baker, comme « la dernière demeure de ceux qui ont été (has-beens) ou qui n’ont jamais été (never-weres) ». Mais un autre aspect leur donne du poids : leur impact potentiel sur le scrutin.
Trois impacts possibles ont été décrits par Christopher Devine et Kyle Kopko dans leur livre Do Running Mates Matter ? (« est-ce que le colistier compte ? », University Press of Kansas, 2020, non traduit) : un effet « direct », l’opinion des électeurs envers un colistier modifiant en tant que tel leur vote ; un effet de « ciblage », certains électeurs partageant le profil sociodémographique ou idéologique d’un colistier décidant de changer leur vote sur cette base ; et un effet « indirect », le choix du colistier venant modifier la perception que les électeurs se font du candidat à la présidence.
L’effet « direct » est faible et peu durable : les colistiers sont souvent peu connus au moment de leur désignation et l’opinion que les électeurs vont peu à peu s’en faire est liée à leur propre positionnement idéologique plutôt qu’aux qualités des candidats. Ainsi, un électeur républicain va apprécier J. D. Vance parce qu’il est le colistier de Donald Trump davantage que parce qu’il est bon orateur, conservateur, père de famille, etc. De fait, J. D. Vance comme Tim Walz étaient mal identifiés avant leur désignation : selon Ipsos, respectivement 61 % et 86 % des Américains ne les connaissaient pas. Ils ne pouvaient donc pas faire basculer un nombre significatif d’électeurs, et l’opinion que les Américains sont en train de se faire d’eux est décidée par leur vote plutôt qu’elle ne le modifie.
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